Épargne salariale
Enjeux revendicatifs...
«La première bataille à
mener c'est le salaire »
« L'épargne salariale
appartient au salarié. C'est à lui de décider de son utilisation ».
La
CGT a toujours été très critique à l'égard des dispositifs d'intéressement,
participation, plans d'épargne entreprise, actionnariat salarié. Votée en
février 2001, la loi Fabius est entrée en application. Elle comporte des
dispositions dangereuses. La CGT ne se désintéresse pas pour autant de la
question et pense qu'un nouveau champ revendicatif s'ouvre.
Tour
d'horizon.
« Le mot est
nouveau mais pas la chose ».
La loi Fabius s'est appuyée sur des systèmes déjà
existants: l'intéressement créé en 1959, la participation créée en 1967, et les
plans et fonds communs d'épargne entreprise. A l'origine on retrouve la vieille
idée d'association capital-travail, remise au goût du jour dans la doctrine
d'adhésion des salariés au objectifs de l'entreprise. Citons le Rapport
Balligand sur l'épargne salariale:
« ... dans une
économie mondialisée la croissance des salaires ne peut être que très faible du
fait de la concurrence internationale et l'épargne salariale peut être alors un
moyen de redistribuer aux salariés une partie de la valeur qu'ils ont
contribuée à créer ».
Face à cette approche idéologique, il nous faut bien
sûr argumenter, mais surtout être revendicatifs pour créer un rapport de force
pour défendre les intérêts des salariés, des cadres.
Face au danger …
L'épargne salariale, à ne pas confondre avec
l'épargne salariée, est dangereuse à plusieurs titres. Exonérée de cotisations
sociales et fiscales, elle coûte cher aux systèmes sociaux. Financement et
droits à la retraite sont réduits d'autant. Les sommes épargnées sont déduites
de l'assiette de l'impôt sur les sociétés. Comparés à 100F de salaire, 100F
d'épargne salariale représentent un manque à gagner de 55 F pour la Sécurité
Sociale et le budget de l'État. Les sommes placées dans un plan d'épargne
entreprise sont exonérées d'impôts, ce qui procure un avantage fiscal dont ne
bénéficiera pas un salarié non imposable. Le danger le plus important demeure
la mise en concurrence avec le salaire. Le patronat trouve plus avantageux de
payer de l'épargne, non soumise à cotisations sociales et qui peut être remise
en cause selon les résultats financiers de l'entreprise. « Quand on parle salaire à La Poste, Pierret répond
intéressement ». C'est une négation de la logique du salaire, lié à la
qualification et au contrat de travail. La rémunération devient aléatoire, liée
aux résultats financiers de l'entreprise, qui vient s'ajouter à l'aléatoire de
la rémunération variable liée aux objectifs.
…revendiquer…
Cependant des sommes considérables sont enjeu et il
s'agit de l'argent des salariés.
La CGT a
toujours combattu "l'épargne forcée" et s'est opposée à la loi
Fabius. Elle ne joue pas les Ponce Pilate et poursuit son action pour que les
salariés puissent maîtriser leur épargne.
Il y a là un enjeu revendicatif pour remettre en
cause la domination des marchés financiers et faire contribuer l'épargne à une
logique de financement utile de l'activité économique et du domaine social. La
CGT porte trois exigences. Tout d'abord que cette épargne soit gérée par des
représentants élus des salariés, selon le principe "un individu, une voix".
Pas de représentation proportionnelle au montant des sommes épargnées. Ensuite
qu'elle soit gérée dans de bonnes conditions de sécurité. Des garanties doivent
être prises dans les placements; «L'affaire
Enron est dans tous les esprits». Et les salariés doivent pouvoir accéder à
tout moment aux fonds disponibles (ceux qui ont dépassé la période de blocage).
Et enfin qu'elle soit affectée à une utilisation socialement utile, au service
de l'emploi et du développement, plutôt que d'alimenter la croissance financière
et la spéculation. Par exemple dans les fonds régionaux pour l'emploi et
l'activité dont la CGT revendique la création.
…dans l’unité
La
CGT participe au CIES. En agissant ainsi, a-t-elle mis un pied dans « l'accompagnement du capitalisme », est-ce que «
le négocier c'est l'accepter » ?
Plus
simplement, on peut penser qu'elle fait face à ses obligations, vis-à-vis des
salariés, « d'un bout à l'autre de la
chaîne », dans une situation imposée par le pouvoir politique.